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Médiation familiale en milieu carcéral : un défi
Le service de médiation familiale de l’association cherche à s’ouvrir depuis deux ans à un nouveau terrain d’intervention : le milieu carcéral.
Ce projet inédit vise à restaurer le dialogue familial là où l’incarcération fragilise la relation, enferme les émotions et rend la communication presque impossible.
Derrière les murs : un espace pour dire et être entendu
La médiation familiale a pour vocation d’ouvrir un espace de parole là où les conflits ont rétréci l’espace et affaibli les compétences relationnelles.
Dans le contexte carcéral, ces effets sont exacerbés : les frontières se durcissent, les repères s’effacent, et ce qui était familier devient parfois étrange.
Or, les besoins des personnes incarcérés et de leurs familles sont connus : besoin pour les parents de continuer à exercer leur rôle, de rétablir un dialogue avec l’autre parent, ou encore d’échanger avec ses parents ou ses enfants. Ces constats nous ont conduit à proposer un projet pour les personnes placées sous-main de justice et leurs familles. Une possibilité de rester quelque peu acteur de sa vie familiale, même derrière les barreaux.
Un partenariat construit
Comprendre les réalités du milieu carcéral, identifier les interlocuteurs, obtenir les autorisations, adapter la pratique aux contraintes judiciaires et règlementaires, plusieurs rencontres et deux visites de la Maison d’Arrêt ont été nécessaires pour construire le cadre et les modalités pratiques de l’intervention à venir.
Le partenariat a été formalisé par la signature le 1er juillet 2025 d’une convention entre l’Étage, le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) et la Maison d’arrêt de Strasbourg.
Aujourd’hui, nous pouvons enfin dire que la première mesure de médiation familiale en milieu carcéral a débuté.
Une pratique en construction
Cette nouvelle pratique soulève de nombreux défis : renforcer la visibilité du dispositif, développer des actions de communication à destination des personnes détenues et de leurs familles, s’informer et travailler en proximité avec les personnels pénitentiaires pour asseoir la légitimité de la démarche.
La médiation familiale en détention ne ressemble à aucune autre. Elle reste cependant fidèle à ses fondamentaux : une démarche volontaire, où chacun est libre de s’engager. Si les entretiens se déroulent aux parloirs, la confidentialité est respectée. Les sujets abordés et les décisions prises appartiennent aux personnes.
Comment établir le dialogue quand la peine est lourde, quand l’horizon semble bouché, que les priorités changent, que la colère affleure ? Comment, à chaque fois, reconstruire, rebâtir une relation, penser un avenir ? C’est dans cette complexité que la médiation familiale prend tout son sens, pour laisser place à la parole, aux émotions, à l’humain, dans le souci, autant que faire se peut, de préserver les liens familiaux, de préparer la sortie, de prévenir la récidive.
L’Étage, fidèle à son engagement
Face à l’exclusion, à l’isolement, à la précarité que charrie l’univers carcéral, ce projet peut sembler une goutte d’eau.
L’Étage avance avec audace et humilité sur ce nouveau terrain, fidèle à sa mission d’accompagnement des plus vulnérables. C’est dans cet esprit que nous poursuivons cette action, convaincus que la considération portée à chaque personne, intra/extra muros, participe de l’accompagnement des parents, des enfants et de toutes les familles.
