Paroles de conseillère en insertion professionnelle

Depuis un an, j’ai été détachée de la mission locale de Strasbourg-Nord, qui reste mon employeur.  A l’Étage, j’accompagne les jeunes dans leurs projets professionnels.

J’ai accompagné 88 jeunes en 2024. L’objectif, c’est l’accès au contrat d’engagement jeune (CEJ), qui permet de bénéficier d’une allocation de 552 euros par mois avant de trouver un emploi.

Cette somme peut permettre à un jeune de financer son hébergement en colocation, et d’échapper aux squats qui peuvent être des lieux violents.

J’accompagne beaucoup de jeunes hommes, très peu de femmes, d’origine étrangère : des Afghans, des Guinéens, des Tchadiens, des personnes originaires de Tchétchénie.

La plupart se situent dans la tranche d’âge entre 20 ans et 22 ans. Ils ont eu une scolarité sporadique à l’étranger, avec un niveau inférieur à la troisième. On constate de grosses problématiques de santé mentale liées aux conditions de vie.

J’accompagne en ce moment un jeune qui doit dormir dans un chalet sur le marché de Noël. Je ne m’occupe pas de l’aspect social, mais j’échange beaucoup avec la psychologue et l’infirmière de l’Etage.

L’accès à la formation devient de plus en plus compliqué pour les jeunes issus de l’immigration, et pour qui le français est une langue étrangère.

L’accès aux formations qualifiantes nécessite une maîtrise de la langue française de niveau B1. Les projets professionnels se trouvent dans le domaine du bâtiment, dans la restauration avec des emplois à la plonge, dans la vente. L’Eurométropole joue très bien le jeu. Il y a un partenariat fort avec la collectivité qui propose des emplois d’ambassadeur du tri, dans l’animation, la restauration ou le nettoyage.

Un jeune peut accéder à un emploi dans le bâtiment en ayant une maîtrise minimale de la langue française, au niveau A1 ou A2. En-dessous, au niveau A0, le travail peut être dangereux. Le jeune ne comprendrait pas les consignes. Il ne faut pas y aller.

On n’a pas constaté de ralentissement sur les recrutements.

Mais les règles changent le 1er janvier 2025. Les jeunes ayant le statut de travailleur temporaire n’auront plus le droit de s’inscrire à France Travail.

C’est une période anxiogène. Ces jeunes ne savent pas ce qui va se passer pour eux.